La pandémie de la COVID-19 et les bouleversements qui l’entourent dans le monde professionnel, notamment l’accélération rapide du télétravail, ont entraîné une perte de repères chez plusieurs gestionnaires. Henry Mintzberg, professeur émérite de gestion à l’Université McGill, mentionne que « gérer, c’est se retrousser les manches et comprendre ce qui se passe ». Dans les derniers mois, cela a été plutôt difficile d’y parvenir pour plusieurs d’entre nous. En effet, nous avons observé, dans plusieurs organisations, une grande capacité de résilience chez les gestionnaires, qui ont dû repenser et adapter leurs méthodes de gestion ainsi que leurs façons de communiquer avec leurs collaborateurs.

Oublions la gestion à vue! Aujourd’hui, il faut repenser nos repères comme le suivi des livrables et l’atteinte des objectifs plutôt que le nombre d’heures travaillées. Comment apprécier la qualité du travail de façon mesurable à distance? Les gestionnaires doivent se doter d’indicateurs de performance concrets et fiables.

En plus du suivi de la performance absolument insuffisant, surtout à distance, le gestionnaire doit réfléchir au lien de confiance qu’il entretient avec ses équipes pour le faire évoluer vers un lien de conscience. Ce lien plus profond lui permettra de maintenir ses ancrages tout en étant loin, mais proche. Il lui faudra développer une proximité respectueuse qui valorise les différences et les besoins individuels des membres de l’équipe. Ces derniers doivent sentir la bienveillance de leur supérieur immédiat qui les soutient dans la transformation profonde de leur réalité de travail.
Aussi, nous devons garder en tête que la situation actuelle est particulière, mais peut être durable.

Afin de soutenir les employés dans la transformation profonde de leur organisation, plusieurs stratégies peuvent être mises en place par les gestionnaires. D’abord, nous sommes devant un défi sur le plan de la sécurité et de la santé psychologique des personnes au travail (stress, affaiblissement des relations interpersonnelles, conflit travail/vie personnelle). Plusieurs gestes concrets et de soutien quotidiens peuvent être mis en place. Par exemple, la valorisation de la déconnexion et des pauses, la réalisation d’activités qui procurent du bien-être et du plaisir.

Enfin, l’élaboration et l’implantation d’une politique sur le télétravail permet d’encadrer les pratiques entourant le travail à distance. Elle fournit non seulement aux employés, mais également aux gestionnaires, des balises claires sur les responsabilités qui incombent à chacun en ce qui concerne la gestion, la communication, la protection de l’information ainsi que la santé et la sécurité du travail.

Ne manquons pas l’opportunité que nous offre la pandémie pour faire évoluer notre organisation et la conception que nous avons du leadership…