Nous savons très bien que la performance doit être durable et évaluée sur le long terme, même si la plupart des organisations suivent leurs indicateurs de performance avec rigueur mensuellement ou en fin de trimestre. Or, il ne faut pas se leurrer, ce qui fera la différence et confirmera les leaders, tant individuels que collectifs, c’est la durabilité. En effet, les organisations sont composées de personnes; le principe de durabilité s’applique donc autant à ces dernières. On parle souvent de fidélisation ou de stabilité de la main-d’œuvre comme d’une source de préoccupation actuelle, mais nous parlons rarement de l’exigence de préserver (dans le temps) nos personnes, leurs talents, leur énergie, leurs capacités, leur performance. Préserver dans le sens littéraire du terme : « Protéger quelqu’un, le mettre à l’abri d’un mal éventuel, empêcher l’altération… » (Larousse).

Tels les marathoniens, nos gestionnaires doivent être soutenus, suivis et entraînés. Je crois fermement que la réalité des gestionnaires est aussi exigeante que celle des coureurs, mais qu’ils ne reçoivent pas le tiers du soutien nécessaire et indispensable à l’accomplissement de leur rôle. Imaginez un instant qu’un entraîneur s’occupe de l’alimentation, de l’entraînement, du repos, de l’équilibre et du bien-être d’un gestionnaire… Rêvons!

À l’heure actuelle, on demande aux gestionnaires de réaliser des exploits. De façon générale, les organisations se préoccupent de leurs employés, de leur engagement, de leur mobilisation et de leur bien-être. Mais rien de cela ne peut se réaliser si les gestionnaires ne sont pas davantage soutenus. Quelles sont les mesures concrètes mises en place pour soutenir et accompagner les gestionnaires pour faire face à l’adversité, à la complexité et aux nombreux changements à gérer?

Je suis toujours étonnée de constater à quel point les gestionnaires sont interpellés par des discussions portant sur la présence attentive, la respiration et les moments d’introspection lors des rencontres de travail ou de formation. Cet intérêt m’apparaît comme un besoin majeur chez ces derniers qui en ont plein les bras à travailler à gérer les changements, à atteindre les résultats opérationnels, à mobiliser et à engager leur équipe, et ce, en parallèle avec tous les autres projets et dossiers. Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est qu’ils souhaitent devenir meilleurs et avoir un impact positif auprès de leurs collaborateurs/employés. Pour ma part, avec des gestionnaires motivés de la sorte, je donnerais toute mon énergie pour les aider.

Collectivement et individuellement, il faudra trouver des pistes d’action qui nous permettront de durer et de performer à long terme, sans avoir tous les dommages collatéraux (épuisement, séparation, départ prématuré à la retraite, présentéisme, etc.). Les organisations se questionnent beaucoup à l’égard de leurs employés, mais trop rares sont celles qui se soucient de leurs gestionnaires. Après tout, c’est à partir d’eux que l’étincelle est possible.

Serait-il possible d’envisager de libérer les gestionnaires à certains moments de la semaine afin qu’ils réalisent des activités à valeur ajoutée, et surtout des activités qui leur tiennent à cœur dans l’exercice de leur rôle? Serait-il possible d’avoir des moments dans la semaine où aucune réunion n’est permise? Serait-il possible de recueillir les téléphones intelligents avant une réunion? Sans doute ces propositions sont-elles possibles parce que logiquement, les gestionnaires ne sont pas des interventionnistes « pompiers » dont nous avons besoin au quotidien. Imaginez dix paires d’yeux qui vous observent et qui vous évaluent selon leurs attentes d’employés et qui jugent avoir le droit de voir leur supérieur immédiat, en tête à tête, quelques fois dans une année. Pour le moment, plusieurs yeux sont déçus et plusieurs gestionnaires en souffrent.

Durant l’été, il pourrait être pertinent de se donner le temps de faire un plan d’action sur « quoi changer » et « quoi prioriser » pour nos employés et pour nous, gestionnaires. Tel un plan d’entraînement, les objectifs, les résolutions, les efforts et les sacrifices devront y figurer. En effet, le gestionnaire est toujours déchiré dans le choix et la priorisation de ses activités, de son équipe ou de ses projets et dossiers. Assurons-nous de placer d’abord nos grandes responsabilités de gestion dans nos agendas, le reste viendra ensuite.

N’oubliez pas aussi que l’été est fait pour se ressourcer, décrocher et flirter avec des sujets autres que ceux de nos quotidiens professionnels.

Pour arriver à jouer le rôle de gardiens de la cohérence, du sens dans leur organisation et maintenir le rythme si exigeant, les gestionnaires doivent se doter de stratégies personnelles. En ce sens, cet été nous pourrions : bouger, rire, partager, relaxer, nous intéresser à autre chose qu'à la gestion!

Bonnes vacances!