« J’ai l’impression que j’ai le cerveau dans la brume… que mes idées sont moins claires, je suis fatigué(e) de penser. » …

Reconnaissez-vous ces signes? 

- Difficulté à vous concentrer.
- Facilement distrait(e).
- Facilement irritable.
- Des tâches qui devraient être simples semblent si difficiles.
- Sentiment d’être dépassé par plusieurs événements.
- Difficultés à dormir.
- Symptômes physiques de stress tels que des maux de tête, de la tension et une accélération du rythme cardiaque.
- Sentiment d’être déconnecté(e) du monde, comme dans un rêve ou dans le brouillard.
- Impression d’un « blocage mental », une grande difficulté à réfléchir.

Si oui, il est possible que vous souffriez à l’occasion de fatigue cognitive!

L’épuisement mental, ou fatigue cognitive, est un état déclenché par une activité cognitive soutenue et prolongée. Lorsque notre cerveau s’accélère et s’emballe, il finit inévitablement par s’épuiser, ce qui nuit à nos fonctions cognitives globales.

L'épuisement mental peut nous affecter à court ou à long terme. Si on n’y porte pas attention et que nous ne réagissons pas, il peut entraîner toutes sortes de problèmes de santé, notamment de l'anxiété ou un épuisement professionnel. Des recherches suggèrent qu'un épuisement mental constant peut également avoir un impact sur notre endurance physique.

C’est intéressant de mettre des mots sur nos maux, mais quelles en sont les causes?

La fatigue cognitive se manifeste lorsque le travail devient trop lourd, lorsqu'il y a une pression pour effectuer ce travail, lorsque les délais sont trop courts et lorsque, en plus de tous ces facteurs, nous ne prenons pas le temps de nous détendre et de nous relaxer.

Selon certaines théories, cet état serait le résultat d’un manque d’énergie, un peu comme si nous tentions de continuer à avancer avec des batteries à plat1.

D’autres facteurs intéressants à prendre en compte

La prise de décision

Lorsque confronté régulièrement à des prises de décisions, notre cerveau s’épuise. Notre fonction exécutive est sollicitée en permanence, comme si nous roulions constamment sur une piste de course. Ajoutez à cela les gens qui nous entourent et qui « vampirisent » nos décisions. C’est-à-dire ces personnes à qui l’on demande de prendre une décision, mais qui nous reviennent en proposant constamment pleins d’options sans se commettre eux-mêmes, ou qui ont un besoin constant de notre aide pour prendre leurs propres décisions2.

En prendre trop

Avoir de la difficulté à dire non, accepter un nombre de projets supérieur à ce que nous avons réellement le temps d’accomplir. C'est non seulement épuisant mentalement, mais aussi contre-productif.

Désordre et encombrement

Selon certaines études scientifiques, le désordre déclenche la production de cortisol (ou « hormone du stress »). Ainsi, plus notre environnement physique et « l’espace dans notre tête » sont encombrés, plus nous sommes à risque de ressentir du stress. Et un stress prolongé peut se manifester par une fatigue cérébrale. C’est peut-être pour cette raison que nous nous sentons un peu plus léger(ère) après un bon effort de ménage?

Évitement et procrastination

Nous procrastinons quand nous n’avons pas envie de faire quelque chose, pensant faire la bonne chose puisque nous laissons place à des tâches qui nous stimulent davantage. Toutefois, contrairement à ce que nous pouvons penser, la procrastination est plus éprouvante pour notre cerveau que le fait de travailler sur la tâche que nous venons de repousser. Le fait de remettre à plus tard fait augmenter notre sentiment de stress face à cette fameuse tâche, ce qui vient gruger notre énergie mentale, c’est un cercle vicieux.

Le manque de sommeil

Toute activité du corps humain produit des déchets. Notre cerveau n’en fait pas exception. Même si ce dernier ne représente en moyenne que 2% du poids d’un adulte, il consomme à lui seul 20% de l’énergie dont notre corps a besoin par jour, de ce fait, il produit une quantité considérable de déchets potentiellement toxiques! Fascinant, n’est-ce pas? C’est lorsque nous dormons, que, grâce au liquide céphalo-rachidien, le cerveau évacue les déchets qu’il a produits pendant la journée. Il faudrait à notre cerveau entre 7 et 9 heures de sommeil ininterrompu pour faire le ménage! Si ces toxines ne sont pas « nettoyées », notre esprit peut devenir embrumé, ce qui a un effet négatif sur notre humeur, notre concentration, notre vigilance et notre productivité.

Alors, quels sont les antidotes à la fatigue cognitive?

La première étape consiste à reconnaître que la fatigue cognitive est réelle et légitime. Pour ce faire, il faut refuser de se sentir nul ou découragé parce qu’on doit « lutter contre nous-même », et ne pas penser que nous pouvons simplement « passer à travers ». Ce n'est pas possible.

Pour prévenir la fatigue cognitive, il est essentiel de réévaluer nos modes de vie. L'accent que nous mettons actuellement sur la productivité et l'agitation signifie que nous surchargeons nos esprits et ne prenons pas le temps de répondre adéquatement à nos propres besoins. Pour ce faire, il peut être pertinent de :

  • Réussir à détravailler (contraction des mots Déconnexion et Travail). Avoir des moments de déconnexion sans vivre de la culpabilité.
  • Tenter de réduire le nombre de tâches à accomplir, de reprendre le contrôle en s’autorisant à refuser certains mandats, en développant notre capacité à déléguer et en planifiant de façon plus efficace ce que nous devons faire en priorité.
  • Baisser nos attentes de performance envers nous-même (on peut accepter une performance moindre sur certaines choses et garder le meilleur pour les moments essentiels).
  • Prendre régulièrement des pauses, faire des journées de travail plus courtes, ou encore varier nos horaires ou lieux de travail pour s’octroyer plus de flexibilité.
  • Développer des techniques de gestion de son stress et les pratiquer régulièrement.
  • Combattre la procrastination est essentiel! Tenter de regrouper les tâches ennuyantes et répétitives pour avoir à les faire moins souvent.
  • Trouver du plaisir dans nos tâches quotidiennes : si elles sont intéressantes et agréables, elles risquent moins de provoquer une fatigue cognitive (même si elles sont toujours exigeantes et soumises à des contraintes de temps).
  • Prendre le temps de bien dormir et de bien manger et ce, à tous les jours.

 

Si jamais nous tombons en état de fatigue cognitive, comment la guérir? Il faut alors veiller à « remplir notre bombonne d’énergie ». Nous l’avons mentionné plus tôt, notre cerveau consomme de l’énergie, et de l’énergie, nous n’en avons pas en quantité illimitée! Le meilleur remède contre la fatigue cognitive est donc de veiller à remplir régulièrement notre bombonne d’énergie. Pour ce faire, il faut prendre le temps de se détendre en pratiquant une activité qui nous permet de mettre note cerveau sur « pause ». Il peut s'agir de méditation pleine conscience ou de yoga, d’une activité physique qui nous plait comme prendre une marche avec nos chiens ou tout simplement regarder une émission de télévision « bonbon », pour laquelle nous n’avons pas besoin de réfléchir pour comprendre l’intrigue. Les siestes rapides (« power nap ») lorsque possibles peuvent également aider à remplir notre bombonne d’énergie.

En conclusion, il est essentiel de prendre soin de soi pour s'assurer que, lorsque notre charge cognitive augmente, nous ne nous effondrons pas sous elle. Cela signifie bien dormir et bien manger, parler de ses sentiments et émotions et demander de l'aide lorsque nous en avons besoin.
Personne ne devrait avoir à supporter de se sentir dans le brouillard, d'être irritable, d'avoir des oublis et d'avoir du mal à faire ce qui lui tient à cœur.
Prenez la fatigue cognitive au sérieux et par pitié : accordez-vous des pauses et des moments qui vous font du bien!

 

1: Dre Catherine Huckle, clinical psychologist at the University of Surrey.

2 : Dre Alice Boyes, autrice de The Healthy Mind Toolkit et The Anxiety Toolkit.