Si vous faites un survol des sites Web spécialisés et des articles professionnels traitant de l’apprentissage mobile, ou m-learning, vous constaterez rapidement qu’on y parle de plus en plus des limitations de ce format d’apprentissage. Et c’est tant mieux!

Bien qu’étant moi-même partisan du e-learning mobile, force est d’admettre que la lune de miel avec l’apprentissage mobile est bel et bien terminée. Je suspecte qu’après un grand élan d’enthousiasme quant aux avantages et au vaste potentiel du m-learning, ceux qui auront réalisé au moins un projet en apprentissage mobile se seront heurtés à une réalité moins rose qu’anticipée.

De mon point de vue de technopédagogue, les quelques projets m-learning réalisés à ce jour m’ont révélé, qu’en tête des défis du m-learning, il y a celui de l’ergonomie. Ne sachant pas sur quel appareil les apprenants vont suivre la formation, un principe de base veut que l'on conçoive pour le plus petit écran possible, soit le téléphone intelligent de monsieur ou madame Tout-le-Monde. Ce qui implique que pour que l’expérience utilisateur soit agréable sur ce type d’appareil, il faut absolument adapter la conception.

D’abord, la taille de police doit être suffisamment grande pour que la lecture à l’écran ne soit pas une tâche pénible. Aussi, les boutons de navigation ou les objets à manipuler doivent être assez larges et distancés pour faciliter l’interaction tactile. Ces considérations nous forcent par-dessus tout à limiter la quantité d’information visuelle et textuelle au minimum. D’autre part, il est obligatoire de repenser les activités nécessitant la manipulation d’objet, comme les exercices de type « glisser et déposer », car bien souvent, il n’y a tout simplement pas assez d’espace à l’écran pour que ce type d’activité soit ergonomique. En tout cas, pas au même niveau que sur un écran d’ordinateur conventionnel.

Le fait de limiter la quantité de texte au minimum n’est pas mauvais en soi, bien au contraire. Se concentrer sur l’essentiel, synthétiser au maximum; les limitations du m-learning peuvent en constituer la force. Reste qu’en autoformation, il va toujours y avoir une certaine quantité de lecture à l’écran, surtout dans les projets de type développement rapide où la quantité de contenu à traiter est importante et les budgets de production, minces.

Cela porte donc la réflexion à un autre niveau. Le m-learning n’est pas la version miniaturisée et optimisée pour le téléphone intelligent du e-learning. Les deux solutions ne sont pas des versions différentes d’un même produit d’apprentissage. Ils constituent des formats pédagogiques complémentaires, qui ont chacun leur raison d’être et leur valeur ajoutée distinctive dans le cadre d’une initiative de formation.

Le e-learning, conçu pour être consommé sur un écran traditionnel, est un format qui se prête bien aux apprentissages complexes qui nécessitent du temps pour explorer et manipuler de grandes quantités de contenu dans un environnement médiatique riche. Le m-learning, quant à lui, est conçu pour être consommé chemin faisant sur un appareil mobile et vise à présenter, à rappeler et/ou à évaluer l’essentiel de la façon la plus épurée possible. Ma recommandation : utilisez-les en fonction de leurs forces respectives dans un parcours de formation bien structuré et maximisez les apprentissages et l’expérience utilisateur. Cela vaut mieux que de concevoir des formations qui doivent être visualisées à la fois en format e-learning et m-learning, ce qui emmène forcément un nivellement par le bas afin de respecter les limitations entraînées par les appareils mobiles.